Les barres de céréales, le café soluble et les cubes de bouillon Volg en vente chez Migros proviennent tous des usines de Haco AG. L’activité de cette entreprise sise à Gümligen (BE) est très énergivore (déshydratation du café, mélange et conditionnement d’ingrédients séchés). Pour accroître son efficacité énergétique et réduire ses émissions de CO2, Haco AG a remplacé ses extracteurs à vapeur et modernisé son installation de torréfaction. Grâce à plus d’une trentaine de mesures d’importance diverse, elle a réduit sa consommation d’électricité et de chaleur de plus de 16 000 mégawattheures. Elle n’est pas la seule à améliorer son efficacité énergétique.
L’AEnEC et act aident à réduire les émissions
En matière d’optimisation de l’efficacité énergétique, nombre d’entreprises dont Haco ont sollicité le soutien de l’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEC), une association créée par les organisations faîtières de l’économie. Les experts de l’AEnEC aident les entreprises à identifier leurs potentiels d’économies et à définir les mesures à mettre en œuvre. Conformément à la loi sur le CO2, les entreprises de certaines branches peuvent obtenir le remboursement de la taxe sur le CO2 acquittée si elles s’engagent à réaliser un objectif de réduction des émissions. Selon Armin Eberle, directeur de l’AEnEC, les entreprises qui optent pour une convention d’objectifs sont de plus en plus nombreuses. Sur mandat de la Confédération, l’agence accompagne plus de 3500 entreprises, qui représentent près de la moitié des émissions des secteurs de l’économie. Outre l’AEnEC, act Agence Cleantech suisse prodigue également des conseils en matière d’efficacité énergétique.
Soutien volontaire pour les PME
Les PME qui contribuent à la protection du climat peuvent bénéficier du soutien de la Fondation suisse pour le climat Fondation suisse pour le climat. Cette organisation a été mise en place par de grands prestataires de services volontaires qui mettent en commun leurs fonds provenant de la restitution de la taxe sur le CO2 pour aider les PME dans leurs projets d’économie d’énergie et d’élaboration de solutions innovantes de protection du climat. Grâce au soutien de la fondation, la société Plaston AG sise à Widnau (SG) a pu remplacer deux de ses machines de moulage de plastique par injection par des équipements énergétiquement efficients, une mesure qui lui permet de réduire sa consommation annuelle d’électricité de 370 kilowattheures. L’entreprise fabrique des emballages et des coques en plastique, ainsi que des appareils de traitement de l’air.
Les technologies nécessaires existent
La décarbonisation, qui contribue pour une part essentielle à l’établissement de l’économie verte, passe également par le recours à des technologies innovantes. La Suisse a beaucoup à offrir dans ce domaine. Comme le note Philippe Thalmann, professeur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, dans un entretien, la Suisse est performante dans les domaines du photovoltaïque et de la force hydraulique. Elle est également très en avance dans le développement de technologies pour le contrôle de la température ambiante. Zuger Landis+Gyr propose ainsi ses solutions intelligentes de gestion énergétique dans le monde entier. ABB et Leclanché sont quant à elles leaders dans le domaine des dispositifs de stockage de l’énergie (batteries). Et si les Suisses n’ont pas encore réussi à percer dans le domaine des véhicules électriques, l’entreprise Brusa AG, établie dans la vallée du Rhin saint-galloise, est l’un des principaux fournisseurs mondiaux de composants automobiles.
L’économie bas carbone intéresse les milieux financiers
La décarbonisation séduit de plus en plus les milieux financiers. Si les réserves mondiales de charbon, de pétrole et de gaz naturel ne peuvent pas toutes être vendues, la valeur boursière des entreprises qui détiennent ces réserves s’amoindrit. C’est également le cas pour les entreprises grosses émettrices de CO2. Partout dans le monde, les investisseurs tendent à réduire leur exposition au risque carbone, se détournant des entreprises à fortes émissions de CO2. Le risque carbone inclut également les coûts des régulations (taxes, valeurs seuils, etc.), le risque de responsabilité, le risque de réputation et les coûts occasionnés par la baisse de la demande. Ce mouvement de désinvestissement prend de l’ampleur. À l’automne 2014, la fondation Rockefeller a annoncé qu’elle mettait fin à ses investissements dans les agents énergétiques fossiles. Des universités américaines de renom, des caisses de pensions et le groupe d’assurances français Axa lui ont emboîté le pas.
La place financière suisse elle aussi concernée
L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a récemment publié une étude évaluant les risques liés aux investissements dans les entreprises à fortes émissions de CO2 pour la place financière suisse. L’étude montre que le seul marché suisse des fonds d’actions finance l’émission de quelque 52,2 millions de tonnes d’équivalents de CO2 à l’étranger, soit les émissions de la Suisse en 2013. Au travers de leurs placements en actions à l’étranger, les caisses de pensions financent quant à elles environ 6,4 tonnes de CO2 par personne assurée. Si les émissions se renchérissent, cela pourrait coûter au marché suisse des fonds d’actions jusqu’à 6,75 milliards de francs selon l’étude.
Publica, la plus grande caisse de pensions suisse, qui gère un patrimoine de 37,7 milliards de francs, a participé à l’étude. S’intéressant depuis longtemps à la problématique, elle a sollicité l’avis d’investisseurs étrangers et examine les mesures à mettre en œuvre. La Banque cantonale zurichoise prend elle aussi le sujet au sérieux. En septembre 2015, elle a été la première banque suisse à signer le Montreal Carbon Pledge, par lequel les investisseurs institutionnels s’engagent à mesurer et publier chaque année l’empreinte carbone de leurs investissements. En 2011, elle a par ailleurs lancé un indicateur de durabilité indicateur de durabilité pour les fonds de placement. La décarbonisation de la place financière suisse est donc en marche.